Préraphaélisme


Le Préraphaélisme est un mouvement artistique né au Royaume-Uni en 1848. Ce mouvement tient la peinture des maîtres italiens du XVe siècle, prédécesseurs de Raphaël, comme le modèle à imiter.

William Holman Hunt - The Lady of Shalott 1905


Les débuts de la confrérie
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L'histoire des préraphaélites débute avec la rencontre entre William Holman Hunt et John Everett Millais à la Royal Academy. Considérant que l'art anglais était sclérosé par le conformisme académique, ils souhaitaient retrouver les tonalités claires, vives et chantantes des grands maîtres d'autrefois.

Ils passaient leurs soirées à contempler un recueil de gravures des fresques du Campo Santo de Pise (réalisées par des artistes tels que Orcana ou Benozzo Gozzoli). En 1847, Hunt, Rossetti et Millais débattirent dans l'atelier de ce dernier, de l'une des œuvres les plus représentatives du talent de l'artiste Raphaël, La Transfiguration (Vatican, Rome). Ce tableau avait, à leurs yeux, marqué un pas décisif vers la décadence de l'art à l'époque de la Renaissance italienne.

Millais, Hunt et Rossetti fondèrent officiellement la confrérie en 1848, avant d’être rejoints par James Collinson, le sculpteur Thomas Woolner et les critiques d'art William Michael Rossetti et Frederick George Stephens, auxquels se joindront par la suite Walter Deverell, Arthur Hughes et Charles Allston Collins.

Intentions
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Les préraphaélites avaient pour dessein de rendre à l’art un but fonctionnel et édifiant : leurs œuvres avaient pour fonction d’être morales. Mais cela n’excluait pas leur désir d’esthétisme. Le but de ces artistes était de s’adresser à toutes les facultés de l’Homme : son esprit, son intelligence, sa mémoire, sa conscience, son cœur… et non pas seulement à ce que l’œil voit.

Les préraphaélites aspiraient à agir sur les mœurs d’une société qui, à leurs yeux, avait perdu tout sens moral depuis la révolution industrielle.

Principes et caractéristiques
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La franchise et l’application étaient les mots d’ordre de cette nouvelle « école » : on n’imite plus les grands Maîtres de la Renaissance. En opposition à l'académisme victorien, ils voulaient retrouver la pureté artistique des primitifs italiens, prédécesseurs de Raphaël, notamment en imitant leur style. Ils privilégiaient le réalisme, le sens du détail et les couleurs vives.

Même si on ne peut pas réellement parler d’« école » par le manque de style homogène entre les peintres, les préraphaélites avaient les mêmes objectifs. En 1850, ils publièrent une revue périodique, The Germ (seuls quatre numéros virent le jour), dans laquelle ils exposaient la théorie de leur mouvement. Dès sa sortie, la revue, éreintée par la critique, fit scandale. Dans le premier numéro, William Michael Rossetti fit une déclaration d’intention du préraphaélisme :

- Pour lui, il fallait avoir des idées originales à exprimer, étudier attentivement la nature pour savoir l’exprimer, aimer ce qui est sérieux, direct et sincère dans l’art du passé et au contraire rejeter ce qui est conventionnel, auto-complaisant et appris dans la routine, et le plus important, produire des peintures et sculptures « absolument belles ».

- Chaque figure devait être reproduite selon un modèle et d’après un seul modèle pour éviter toute idéalisation (Millais, Autumn Leaves), quant au dessin, il devait être aussi original et individuel que possible.

- Le dessin était minutieux, privilégiant les détails ; les couleurs vives et tonales étaient souvent simples et franches, la réalité des personnages était préconisée dans une exécution lisse. Ils limitaient les effets de profondeur et de volumes avec peu de jeux d’ombres et de lumière.

- Leurs sujets de prédilection étaient les thèmes bibliques, le Moyen Âge, la littérature et la poésie (Shakespeare, Keats, Browning...).

Paradoxe des doctrines
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Le préraphaélisme était contradictoire. Il méprisait la peinture de Raphaël, et pourtant Hunt l’admirait dans sa jeunesse.

Les préraphaélites prenaient le parti d’imiter le style dur et rigide des primitifs (italiens et flamands) alors que de son côté, Rossetti figurait des amples poitrines, de rondes épaules et des bouches sensuelles de femmes.

De plus, les préceptes préraphaélites exigeaient un réalisme intransigeant alors qu’ils dépeignaient souvent un univers imaginaire (ex : Dante’s vision of Rachel and Leah de Dante Gabriel Rossetti).

Un modèle unique était préconisé pour chaque personnage, mais Dante Gabriel Rossetti ne s’interdisait pas la fusion de plusieurs modèles, pratiquant ainsi une forme d’idéalisation contraire à la notion de naturalisme.

Image des femmes
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Dans l'art préraphaélite, les femmes sont vues à la fois comme des anges salvateurs, telle la Béatrice de Dante, ou comme des beautés dangereuses. Les femmes représentées sont des symboles : personnages bibliques, mythologiques… plutôt que des personnes.

Les femmes représentées sont Anne Ryan, Ellen Frazer, Elisabeth Siddal, Annie Miller ou Jane Morris. Plusieurs d'entre elles ne sont pas que modèles mais aussi artistes elles-mêmes, telles qu'Elisabeth Sidall, Jane Morris, Marie Spartali, Emily Hunt, Rebecca Solomon ou Maria Zambaco.

Les premières expositions
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Le sigle PRB (Pre-Raphaelite Brotherhood), par lequel ils signaient leurs tableaux durant leur période militante, fut employé pour la première fois sur le tableau de Rossetti, The Girlhood of Mary Virgin. Ce tableau devait être exposé à la Galerie chinoise de Hyde Park Corner où Ford Madox Brown, maître de Rossetti, avait déjà exposé. Ces initiales provoquèrent la colère d'un Royaume-Uni bien-pensant qui imaginait, derrière ces trois lettres, un sens caché, blasphématoire ou mystique.

À l'exposition de 1849 à la Royal Academy, les œuvres préraphaélites furent relativement bien accueillies. Cependant, le sigle PRB commença à intriguer la presse qui accusa les artistes de conspirer contre l'Académie et les qualifia de « membres de secte secrète pro-catholique ». Lors de l'exposition de 1851, les préraphaélites étaient de plus en plus critiqués : pour leur perspective, leur minutie, le peu de jeux d'ombres et de lumières. Au Salon de 1852, The Huguenot et Ophelia de Millais reçurent un succès important et Hunt triomphait avec The Light of the World.

Les préraphaélites vécurent l'apogée de leur triomphe lors de l'Exposition universelle de 1855 qui eut lieu à Paris.

1857 sonna le temps de la « victoire » mais également celui de la dislocation de la confrérie. Il arrêtèrent de signer PRB ; les peintres du début prirent des chemins différents : Woolner partit chercher fortune en Australie, Hunt voyagea en Palestine, Collinson se réfugia dans un couvent et Millais fut élu membre associé de la Royal Academy of Arts, tandis que Rossetti continua dans la veine archaïsante des premiers tableaux préraphaélites.

Postérité
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Après 1855, le « premier groupe » se désarticula. Rossetti tenta de refonder la confrérie qui vit l’arrivée notamment d'Edward Burne-Jones et de William Morris. Mais ce qu’on nomme communément la « seconde génération » ne respectait plus aussi scrupuleusement le précepte de représentation fidèle de la nature.

Beaucoup d'entre eux furent photographiés par leur contemporaine Julia Margaret Cameron, pionnière de la photographie, qui s'inspira de leur mouvement dans ses propres travaux.

Ce mouvement, qui fut pourtant de courte durée, eut une influence importante sur les mouvements artistiques du XIXème siècle, particulièrement l'art nouveau et le symbolisme, grâce à des artistes comme William Morris et Aubrey Beardsley.

Les peintres préraphaélites
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Arthur Hughes
Charles Allston Collins
Dante Gabriel Rossetti
Edward Burne-Jones
Edward Robert Hughes
Ford Madox Brown
Frederic George Stephens
Frederick Sandys
James Collinson
John Everett Millais
John Ruskin
Walter Deverell
William Holman Hunt
William Morris

Artistes associés
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Algernon Swinburne
Arthur Hacker
Christina Rossetti
Edmund Blair Leighton
Edward Robert Hughes
Elizabeth Siddal
Evelyn De Morgan
Frank Cadogan Cowper
Frederic, Lord Leighton
Henry Wallis
John Brett
John Collier
John Melhuish Strudwick
John Mulcaster Carrick
John William Godward
John William Waterhouse
Lawrence Alma-Tadema
Sophie Gengembre Anderson
Simeon Solomon
Thomas Buchanan Read
Thomas Cooper Gotch
Thomas Seddon
Valentine Cameron Prinsep
William Dyce
Wyke Bayliss


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